Bien au-dessus de l’horizon, dans un ciel
bleu mur à mur, le soleil éclaire les
cristaux d’humidité qui tombent vers le sol comme de petites étoiles décrochées
du firmament. Soudain, quelques tourterelles font leur apparition dans le lilas
face à la mangeoire automatisé. Le mélange de tournesol, maïs concassé et
millet servi mécaniquement ce matin à 7.00 h les attire rapidement. Elles ont appris à se
réfugier sur ce plateau fermé de trois côtés. Suite à un copieux déjeuner, elles
y passent souvent des heures à l’abri du vent, écrasées sur elles-mêmes, à se faire
chauffer par les rayons du soleil traversant le plexiglas qui est à demi givré ce matin.
Les
geais bleus sont les seuls à pouvoir les déloger lorsqu’ils sont en quête de
nourriture. Ils ne tardent pas d’ailleurs à se pointer aux divers postes
d’alimentation et à réquisitionner la place. Les occupantes abandonnent le plateau
pour venir se percher sur la rampe de la galerie et finalement faire le tour
des mangeoires de sol pour gober quelques graines projetées à l’extérieur par
nos petits visiteurs matinaux. Puis elles font un petit tour à l’abreuvoir
chauffant. La façon dont elles s’abreuvent m’a toujours fasciné. Elles lapent
l’eau comme le fait un chat et non comme les autres oiseaux qui se servent de
leur bec comme un godet et relèvent la tête
pour faire descendre l’eau dans leur gosier.
D’instinct les oiseaux semblent savoir que par
temps froid, il n’est pas bon pour eux de se tremper les pattes dans l’eau et
encore moins de se baigner. Je les ai rarement vus s’installer dans l’abreuvoir
à des températures plus basses que le point de congélation et jamais à des
températures comme celles d’aujourd’hui. C’est donc sur le rebord de celui-ci ou
sur le tuyau de la pompe qu’on les voit se poser pour puiser l’eau. Finalement,
nos tourterelles bien désaltérées volent vers les grands érables, se posent sur
les branches et emmitouflent leurs
doigts de pied ou leurs moignons avec leurs plumes ventrales.
Entretemps les Geais bleus, ayant épuisé
leur ration de maïs rond et d’arachides et non satisfaits d’avoir délogé les
tourterelles, font le tour des autres mangeoires à la recherche d’un nouveau trésor.
Ils réclament leurs mets préférés à grands cris de portes qui grincent. Mon
déjeuner à peine entamé, il me faut aller satisfaire leur demande sinon ils
feront la ronde des mangeoires chassant tous les autres oiseaux voulant s’y
nourrir.
Pour
faciliter l’alimentation de chaque espèce en toute quiétude, j’ai dû user de
stratégie et placer à divers endroits des postes spécifiques à chacun. Les geais ont donc leur plateau bien à eux,
un peu à l’écart des autres mangeoires. Ils se limitent la plupart du temps à
ce plateau tant et aussi longtemps qu’ils y retrouveront arachides, noisettes
et maïs rond.
Geai bleu à son plateau avec une noisette au bec
De
retour à l’intérieur, les doigts blancs et le visage rouge, j’espère maintenant
pouvoir poursuivre mon déjeuner sans remords.
Comme prévu, les geais retournent à leur
plateau et d’autres espèces font leur
apparition. Les chardonnerets jaunes affluent sur l’hydrangée, l’érable de Pensylvanie, et le pommetier adjacents , aux mangeoires à chardon. Tout comme les
juncos, ils ont gonflé leurs plumes pour lutter contre le froid extrême qui
sévit à l’extérieur. Ils sont ronds comme des boules de Noёl. Ils prennent
d’assaut tous les perchoirs et la chamaille commence. C’est un va et vient
continu de l’hydrangée aux mangeoires et des mangeoires à l’abreuvoir. Les plus
fanfarons réussissent à garder leur perchoir en ouvrant tout grand le bec d’un
air menaçant lorsqu’un congénère s’approche. D’autres, quelques graines à peine
gobées, cèdent leur place pour éviter l’affrontement. Puis dans une déroute
indescriptible, ils quittent les mangeoires pour revenir aussitôt. Nous
scrutons avec attention cette masse mouvante en espérant apercevoir un sizerin. Nous devons déclarer forfait.
Aux mangeoires de tournesol les
chardonnerets tout aussi rondelets, prennent soin de bien choisir les graines
qu’ils décortiqueront. Ils semblent vouloir tirer le maximum d’énergie pour le
travail fourni. Leur attitude laisse croire qu’ils soupèsent les graines et
n’écalent que les plus pesantes, rejetant les autres hors de la mangeoire dans
le ramasse-graines.
Cette année ils sont peu
nombreux, à peine une dizaine. L’alternance entre chardonnerets et sizerins
semblent à nouveau une réalité. Il n’est jamais arrivé de voir ces 2 espèces à nos mangeoires en nombre équivalent. Une
année ce sont les chardonnerets qui dominent alors que l’année suivante ce sont
les sizerins. Ce cycle se perpétue chez nous depuis de nombreuses années et il
arrive même que l’espèce dominante éclipse totalement l’autre espèce.
À suivre
2 commentaires:
C'est merveilleux Gilles de visiter votre blog si documenté. Gros bravo et merci pour tout le temps que vous consacré pour donner des informations. Lorraine
Merci Lorraine pour ton commentaire. Je sais que tu mets beaucoup de temps, toi aussi, à informer les ornithologues. Le partage apporte tellement.
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