lundi 16 juin 2014

L'histoire d'une nichée de branchus

Le 19 de mai en avant-midi, je prends mon échelle de 10m (30 pieds) et fais la visite de quelques nichoirs destinés aux  Grands harles et aux Canards branchus. Comme je n'avais jamais constaté leurs visites dans ces nichoirs, je ne m'attendais pas à les voir occupés mais je voulais m'en assurer car ces oiseaux sont souvent très discrets. J'appuie délicatement le haut de l'échelle sur l'érable près du nichoir et monte zyeuter par le trou d'entrée l'intérieur du nichoir. Quelle fut ma surprise de voir le dos d'une cane branchue dans l'un d'eux. Délicatement, je redescends et prépare la caméra que j'installerai dès qu'elle quittera le nichoir pour aller se nourrir à l'étang.
  Je commence donc la surveillance de ce nichoir dès 16h00. Ce n'est qu'à 18h35 qu'elle sort du nichoir, demeure  quelques instants sur le rebord de l'entrée puis prend son envol vers l'étang Burbank. Par expérience, je sais qu'elle sera absente pendant près d'une heure. J'ai donc amplement le temps de monter installer la caméra. Tout est terminé à 19h05. Par la même occasion, j'ai eu le temps de faire le décompte des œufs et de prendre quelques photos. J'ai été très surpris de compter 18 œufs. Était-ce un nid de dépôt? Normalement une femelle branchue pond entre 8 à 15 œufs. Ça demeurera d'ailleurs un mystère.
         
                                                              Voici les 18 oeufs en question
 
 
Puis je surveille le moniteur. Elle revient au nid à 20h12 sans se douter que maintenant elle sera sous surveillance.
Le 22 mai, la cane quitte le nid à 18h14 et à mon coucher à 22h00, elle n'est toujours pas revenue. Pourtant elle semblait ne pas avoir quitté en catastrophe puisqu'elle avait pris le temps de couvrir ses œufs avec duvet et ripe de bois. L'inquiétude me prend et cette nuit là, je me suis levé à 3 reprises pour aller regarder le moniteur. À 4h45, elle n'était toujours pas revenue au nid. On m'avait déjà dit que des œufs abandonnés plus de 6 heures perdaient leur viabilité. J'étais donc convaincu que cette nichée était fichue. Ce n'est finalement qu'à 5h52 qu'elle réapparaît. Elle s'installe sur ses œufs et continue la couvaison. Je me disais qu'elle ne devait pourtant pas couver des embryons morts mais j'étais loin d'en être certain. 
 
 
Le premier juin, elle récidive. Elle quitte le nid à 16h21 pour ne revenir le lendemain qu'à 5h56. Les œufs sont donc demeurés sans chaleur pendant près de 14 heures. La température minimum enregistrée a été de 8,5 degrés Celsius. J'ai vraiment cru que cette couvée n'aboutirait à rien.
 
Le 10 juin, nous assistons en matinée à la première éclosion. En fin de journée, nous n'apercevons plus d'œufs mais beaucoup de petits canetons. Impossible de les compter car bon nombre d'entre eux demeurent sous la mère.
 
                                  Notre femelle se trouve dans le nichoir CH4
 
Le lendemain matin, dès les premières lueurs du jour, nous sommes prêts pour capter le saut de ces petits et nous sommes curieux d'en connaître le nombre.
 
                Une vue de l'intérieur du nichoir quelques heures avant le départ pour l'étang.
 
 
Pour une nichée que nous pensions perdue, le résultat était étonnant. Les 18 œufs avaient éclos et 17 canetons avaient quitté avec leur mère. Un seul, probablement trop faible n'avait pu sortir du nichoir.
 
                                                             Caneton abandonné

 
 
Je suis donc monté le récupérer et une fois placé à la chaleur il a rapidement repris  de la vigueur. En fin de journée,  avec quelques vers dans l'estomac, je l'ai retourné à l'étang près d'une troupe de canards branchus qui me semblaient nouvellement éclos (peut être les nôtres de ce matin) en espérant qu'il se joigne à eux . J'ignore s'il y a eu des retrouvailles car le petit orphelin s'était réfugié dans les hautes herbes et la femelle branchue avait entrainé ses petits vers le large.
 
 
Conclusion:
 
Les œufs abandonnés ont une viabilité beaucoup plus longue que ce qu'on nous dit et il ne faut surtout pas retirer les œufs d'un nid en pensant que la femelle ne reviendra pas.


2 commentaires:

François Paquette a dit...

Bonjour Gilles.
Merci pour cette nouvelle aventure au Jardin Ailé. C'est formidable tout les efforts que vous déployez pour mieux connaître les oiseaux.
J'ai eu une nichée de sept petites mésanges récemment, j'en était tout content. J'imagine 18 cannetons!! :)

Félicitations pour votre nouveau livre. Nourrir les oiseaux, saison après saison, est une quête pour trouver des façons de bien prendre soin de nos amis et de décourager ceux qui le sont moins...
Votre nouvel ouvrage s'inscrit parfaitement dans la continuité du Grand Livre.

Merci de nous partager votre savoir, votre passion et votre émerveillement.

François

Gilles Lacroix a dit...

Merci François, le prochain message sur mon blog te fera voir une nichée avec 21 canetons. Nouveau record pour une nichée réussie.
Merci également pour ton commentaire sur mon nouveau livre. J'espère qu'il apportera certaines réponses recherchées par les gens qui s'intéressent aux oiseaux.