Mésange à tête noire à l'abreuvoir chauffant et une autre au plat de vers et d'amandes
Voilà nos deux couples
de Mésanges à tête noire qui s’amènent. Elles ont un rituel bien à elles. Se servant
de l’hydrangée comme tremplin, elles explorent un à un les trois plats sous
grillage pour en ressortir avec un ver ou une amande. Ces petits oiseaux
semblent avoir une mémoire phénoménale. Elles ne visiteront le plat de vers
qu’une seule fois et s’il est vide comme ce matin, elles y reviendront à
nouveau à leur prochaine séance d’alimentation en espérant que cette fois sera
la bonne.
Comme
cette source de nourriture est très convoitée par la majorité des espèces, il
est nécessaire de la limiter aux petits oiseaux. Le grillage est donc de mise.
Une certaine hiérarchie est bien établie
dans le groupe. Nous ne les voyons jamais deux dans le même plat. Elles
attendent patiemment que la place se libère ou vont visiter une autre mangeoire
et sitôt une partie, une autre la remplace. Ce ballet aérien peut durer de
nombreuses minutes. Elles aiment bien diversifier leur alimentation. Tantôt
elles prendront quelques graines de chardon et tantôt ce sera une graine de
tournesol qu’elles iront décortiquer dans les épinettes voisines. Elles
finissent rarement leur repas sans prendre une becquée de pain d’oiseaux et
passer à l’abreuvoir.
L’arrivée de notre couple de Sitelles à
poitrine blanche suit de très près celle des mésanges. Elles ont développé des habitudes bien
particulières, elles aussi. En début d’hiver, elles adoptent une mangeoire et
elles ont tendance à se confiner à celle-ci. C’est donc toujours au même
endroit que je dois leur présenter leurs petites gâteries. Si la première sitelle sort de la mangeoire bredouille,
la deuxième fait mieux. Comme elle a observé
le comportement de de l’autre, inutile de se rendre au plat. La manne provient
ce matin de la bûche; allons-y sans
détour. Tête en bas, elle s’accroche aux écorces du gros érable et elle descend
jusqu’à la bûche à grimpereau. Grâce à son long bec effilé elle retire de la
rainure le pain d’oiseaux convoité laissant quelques secondes plus tard le
chemin libre à sa congénère.
Sitelle à poitrine blanche sortant de la mangeoire à plancher chauffant, un vers au bec
Subitement, tous les oiseaux s’alimentant
aux mangeoires suspendues sous l’avant-toit s’envolent de tous les côtés. Un rapace
vient-il de faire son apparition? Aucunement, ce sont 2 pics chevelus qui les
ont fait fuir. La femelle se pose momentanément sur un silo à tournesol, jette quelques
graines dans le ramasse-graines, file sur l’érable près de la haie de cèdres et commence à marteler le sac de gras qui y
est accroché. À grands coups de bec, elle arrache et avale des morceaux de suif
tout en laissant tomber sur le sol quelques miettes qui feront la joie des
Étourneaux sansonnets
Quant au mâle, il opte pour la bûche à
pain d’oiseaux. Il s’accroche au bas de celle-ci, monte sous la cruche
protectrice et, à coups répétés, parvient à fractionner cet aliment bien durci
par le froid qui sévit et à en engloutir une bonne ration. Le bec bien rempli, il
va s’agripper au tronc de l’épinette bordant le stationnement et disparaît
entre les branches. Le calme revenu,
les petits oiseaux regagnent un à un leurs mangeoires.
J’ai
remarqué qu’en hiver, indépendamment de l’espèce, les pics ont tendance à se
voisiner et à voler en groupe. On l'a constaté en 2011 et 2012. Au
début de novembre, nous avions eu un nouveau pensionnaire qui les accompagnait. Il
s’agissait du Pic à ventre roux. Il se présentait à tous les jours, soit au gras,
soit aux mangeoires de vers ou encore aux bûches de pain d’oiseaux. Lorsque les
pics étaient très actifs, il n'était jamais très loin. En zyeutant les
différents postes d’alimentation nous l’apercevions presqu'à coup sûr, sous une boite
grillagée remplie de gras.
Un Pic mineur se pose dans l’hydrangée et, en quelques coups d’ailes, il vient s’accrocher au treillis de suif suspendu sous l’avant couverture. Il sera vite délogé par quelques Étourneaux sansonnets car pour ces derniers, c’est la seule nourriture disponible et ce matin ils sont voraces. En jetant un coup d’œil, par la fenêtre arrière, sur le sac de gras accroché à plus de 15m du sol nous comprenons qu’ils ont invité leur famille et leurs amis. Le filet en est couvert et même s’il fait un froid de canard, son contenu fond à vue d’œil.
Nombreux étourneaux sur un sac de gras monté à 15 m (50 pieds) le long du tronc d'un gros érable
Des mouvements dans le lilas attirent mon regard. Un pic mineur s’essuie le bec sur une branche. Il doit s’être alimenté, non loin de là, à une des quatre bûches pour pain d’oiseaux accrochées à un support.
Mais
ce qui retient davantage mon attention est l’oiseau brunâtre qui saute d’une
branche à l’autre en s’approchant du fusain ailé. Mais oui, c’est une femelle
cardinal et le mâle est en train justement de faire un festin de ces petits
fruits rouges. La femelle n’attend pas son tour. Elle a appris depuis longtemps
qu’elle trouvera tout aussi bien à la mangeoire grillagée, mangeoire qu’ils ont
adoptée dès l’automne dernier.
Comme les cardinals sont des
oiseaux craintifs, elle s’approche lentement en épiant tout ce qui pourrait
être un danger pour elle. Elle quitte le lilas pour se poser dans le pommetier
qui a calmé la faim de plusieurs Merles d’Amérique et d’une horde de Jaseurs
boréaux en décembre dernier.
Jaseur boréal saisissant une pommette
Dépouillé de ses
fruits, il sert maintenant d’arbre perchoir où les oiseaux se posent pour
observer les mangeoires ou digérer la nourriture qu’ils viennent d’avaler.
Après une pause de quelques minutes, elle quitte son point d’observation pour
s’arrêter dans l’hydrangée face à la mangeoire. Après quelques minutes
d’hésitation, elle traverse le grillage et décortique le tournesol graine après
graine. Elle finit par céder la place au mâle dès qu’il se pose sur le rebord
du plancher. Pendant plusieurs minutes il se gave de pain d’oiseaux, de graines
de tournesol et de maïs concassé. Puis il rejoint la femelle dans la haie de
cèdres déjà bien coiffée de plusieurs centimètres de neige.
Jaseur boréal saisissant une pommette
Neuf heures est bien sonné. Le déjeuner est terminé et comme le disent les agriculteurs de notre région, il est temps d’aller faire le train (aller nourrir les animaux). Même si la température demeure bien en deçà des -20 degrés, il va falloir sortir. Je passe tout d’abord dans l’atelier pour casser quelques noix et sélectionner plusieurs vers de farine que je répartis en trois parts égales pour chacun des postes d’alimentation prévus à cet effet. Je sais que les petites Mésanges à tête noire en quémanderont lorsqu’elles me verront car elles ont une préférence particulière pour les vers vivants.
Dès que je mets le nez
dehors, je m’empresse d’aller les
déposer dans les plats sous grillage. Je n’ai pas le dos tourné que déjà les
petites Mésanges à tête noires font la fête. Nos deux petites Mésanges
bicolores ne tardent pas également à se présenter. Serait-ce mes quelques
sifflements qui leur indiquent que la table est mise? Toujours est-il qu’elles
se présentent assez tardivement et rarement avant ma sortie à l’extérieur. Je
me suis toujours demandé si le fait de mettre au menu vers et amandes, incite
ces oiseaux à fréquenter nos mangeoires plutôt que celles des voisins. Leur
assiduité me laisse croire que oui.
Mésange bicolore un vers au bec
Mésange bicolore un vers au bec
Ce matin, la tournée
des plateaux et des mangeoires sera rapide. Comme j’ai fait un bon ménage de ceux-ci
hier, mon travail se résumera à ajouter de nouvelles graines sur certains
plateaux et combler les silos à chardon. Mes
bottes crissent sur cette neige poudreuse qui brille de mille petits
diamants. Les oiseaux s’envolent dès qu’ils m’aperçoivent mais ils ne vont pas
très loin. L’arbre le plus proche les accueille. Par ce froid de canard, ils
semblent préférer garder leur énergie et ne pas s’éloigner de leur point
d’alimentation. Ma chaudière de graines à la main, je répands sur les divers
plateaux sans protection, un mélange de tournesol, millet, alpiste, maïs
concassé et chardon. Sur ceux portant un grillage, je me permets d’ajouter des
arachides concassées. Sans cette protection, elles passeraient toutes dans le
gosier des geais et des étourneaux.
Depuis le début de
décembre, j’entretiens au "2005" (terrain acquis et aménagé à ce
moment) un troisième poste d’alimentation à l’intention des plectrophanes. Je
vais donc déposer sur ces plateaux un mélange de millet, d’alpiste et de maïs
concassé à leur intention. Ils sont rarement apparus avant le début de janvier
suite à une bonne bordée de neige. Cette année fait exception. Les chutes de neige de décembre ont été si importantes que les plectrophanes ne retrouvaient plus rien dans les champs. Ils sont donc apparus le 24 décembre pour passer l'hiver avec nous. Les petits Bruants hudsoniens et Juncos ardoisés bénéficient également de
cette manne. L’absence de tournesol dans ce mélange attire moins les autres
espèces leur laissant ainsi le champ libre.
Pour terminer, il me faut faire la
tournée de mes bûches. Je retourne donc à mon atelier prendre le bol de pain
d’oiseaux que j’avais laissé sur l’établi pour lui permettre de ramollir et
spatule à la main, je sors à nouveau combler les trous et fentes que pics et sitelles avaient vidés. En
m’approchant de la bûche à grimpereau, je m’aperçois que celui-ci est à déloger
avec son bec fin et courbé quelques miettes de pain d’oiseaux au fond de la
rainure. À cause de la morphologie de son bec, il est pratiquement le seul à
pouvoir le faire. Je fige donc sur place attendant son départ pour aller
réapprovisionner sa mangeoire. Il n’est pas facile à repérer celui-là. La
couleur de ses plumes s’harmonise parfaitement avec les troncs d’arbre qu’il
arpente de bas en haut. Il est vraiment un as du camouflage.
Finalement, je termine
ma ronde en ajoutant du pain d’oiseaux dans quelques bouchons déposés dans certaines
mangeoires grillagées pour mes petits bruants, juncos, sitelles et mésanges. C’est
maintenant avec empressement que je quitte ce froid sibérien et, l’âme en paix,
je regagne la douceur de notre demeure.
Cette belle matinée précède bien
notre réception de famille.
Fin de mon récit
7 commentaires:
Monsieur Lacroix je trouve vos mangeoires tellement ingénieuses , vous avez beaucoup d'imagination félicitation . Je vous envie. J'écoutais avec un immense intérêt vos conseils dans l'émission 1 888 oiseaux .Vous êtes un grand passionné . Moi aussi j'adore les oiseaux . Radio-Canada devrait remettre l'émission en onde, avec vous pour partager votre belle passion .
Diane Leclerc , Rigaud
Merci de votre commentaire, Mme Leclerc. Il est agréable de partager ses expériences et si ma façon de faire peut rendre service, j'en suis tout heureux.
Merci beaucoup Gilles pour cette belle présentation de vos visiteurs.
Au risque de me répéter, c'est toujours un plaisir de suivre votre blog. :)
Bonjour Gilles,
C'est tellement agréable de suivre vos aventures avec les oiseaux. On a l'impression d'être avec vous, on voit les oiseaux et on peut entendre le craquement de vos botte sur la neige. Merci pour ces beaux récits. Vous êtes un homme merveilleux!
Merci François et Lorraine, votre passage sur mon blog m'honore. Je ne suis pas le seul qui est un passionné pour les oiseaux. Vous en êtes deux vous aussi qui donnez beaucoup pour ces petites bêtes sans espérer rien en retour. Je le constate à tous les jours sur le forum. J'aurais bien écrit ce texte sur ce dernier mais il était trop volumineux; il faudra alors que les gens fassent comme vous, c'est à dire venir en prendre connaissance sur mon blog.
Quel plaisir que d'avoir des nouvelles de votre jardin d'oiseau! C'est vraiment agréable de vous lire et de savourer les détails de vos présentations, vous êtes tellement passionné! Merci beaucoup de partager votre générosité avec nous tous par votre blog! Lucie
Merci Mme Desautels, je constate qu'il y a beaucoup de passionnés pour les oiseaux et je suis assuré que vous en faites partie.
Merci pour avoir émis votre commentaire.
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